La technique Alexander
Principes généraux
La Technique Alexander considère l’être humain dans sa globalité, affirmant que l’ensemble corps-pensée-émotion constitue un tout indissociable, en perpétuelle interaction. C’est une approche holistique, aussi une action sur une partie peut avoir des conséquences indirectes, positives ou nocives, sur une autre partie comme sur la globalité de la personne. Cette technique est éducative et non thérapeutique, c’est un apprentissage de la conscience du corps sensible (soma) en mouvement dans son environnement.
Séance individuelle
F.M Alexander a enseigné la technique en leçon individuelle. Cette tradition se poursuit et la Technique Alexander est généralement enseignée ainsi, ce qui convient parfaitement à la richesse de l’expérience d’une maturation sensori-motrice et attentionnelle. Ces principes peuvent aussi être abordés et explorés en petit groupe au cours d’ateliers. Certaines personnes apprécient particulièrement la combinaison de ces deux aspects. Pour ma part, je considère que le Contact Improvisation est une pratique très complémentaire. Deux approches du Toucher et du Mouvement qui permettent d’explorer et d’intégrer concrètement des stratégies de mouvement dans le dé-faire et le re-faire (inhibition/ création) tout en questionnant son autonomie dans la relation à l’autre et à l’environnement.
Que se passe-t-il pendant une leçon de Technique Alexander ?
Pour une leçon de Technique Alexander le plus simple est de porter des vêtements confortables qui permettent d’explorer librement une assez grande variété de mouvements. On pourra vous demander d’enlever vos chaussures, rien de plus. Les principes de la technique ( force de l’habitude, inhibition, directions, contrôle primaire ) seront expliqués et expérimentés au cours d’activités simples comme s’assoir et se lever d’une chaise, marcher, courir, ou encore dans une activité spécifique ( danser, jouer d’un instrument, travailler à l’ordinateur… ). Par les mots et un toucher doux, vous serez guidé à travers ces différentes activités. Vous pourrez ainsi développer votre conscience du moment présent, diriger votre attention et faire l’expérience de la cohérence d’un geste équilibré et coordonné, condition nécessaire au relâchement des tensions et à l’intégration (apprentissage) d’un équilibre général.
Combien de leçons de Technique Alexander sont nécessaires ?
Une leçon dure en moyenne 45 minutes. Il faut compter environ 6 leçons avant de pouvoir commencer à comprendre les principes de la technique, profiter des bienfaits des leçons et commencer à les mettre en application dans des activités simples. Se défaire de mauvaises habitudes requiert du temps, et surtout une participation consciente et active. Le professeur n’offre pas par son toucher une action miracle mais un enseignement qui demande constance et persévérance.
Combien coute une séance ?
Les Tarifs sont de 40 € par leçon et adaptables selon la fréquence. Si vous êtes extrêmement motivé et que l’engagement financier vous empêche d’étudier, n’hésitez pas à nous contacter. Vous pouvez nous joindre par téléphone ou par e-mail pour avoir des détails, discuter d’une première leçon ou d’un atelier de Contact Improvisation; les principes de la technique Alexander y sont toujours présents. Nous déterminerons ensemble comment la Technique Alexander peut répondre au mieux à vos besoins.
« Vous ne pouvez pas faire quelque chose que vous ne savez pas si vous continuez à faire ce que vous savez »
F.M Alexander
5 principes opérationnels :
La reconnaissance de la force de l'habitude, l'inhibition, l'apprécaition sensoreille non fiable, les directions, le contrôle primaire.
« Vous n’êtes pas ici pour faire des exercices ou pour apprendre à bien faire quelque chose. L’objectif de la leçon est de vous aider à affronter un stimulus qui vous fait toujours agir de façon incorrecte et à apprendre à y faire face. » F.M. Alexander
Notre monde contemporain fourmille d’expressions du type : « je suis pressé », « je n’ai pas le temps », ou encore « je suis pressé par le temps » et la plupart d’entre nous courons même après.
Poursuivons avec quelques expressions. La langue française regorge de formules très imagées pour exprimer notre état de santé et la qualité de notre équilibre « avoir bon pied bon oeil », « marcher à côté de ses pompes », « n’être pas bien dans son assiette », « être d’aplomb », « remettre d’aplomb » etc… Ces expressions semblent souligner deux choses : la première, notre façon d’habiter le temps, notre présent, souvent réduit à un court intervalle entre un passé et un futur et la seconde, la façon dont nous sommes en équilibre, c’est à dire la façon dont nous reposons sur le sol, « de plein pied » ou « les deux pieds dans un même sabot ».
Une leçon de technique Alexander est avant tout une occasion de percevoir en activité notre niveau de réactivité et de suspendre notre façon habituelle de répondre à une stimulation. Comme le proposait W. Karington, professeur de la technique Alexander : « Tu es la seule personne qui puisse te donner du temps. »
Ce temps de suspension, d’inhibition, permet de mettre en évidence la façon dont nous sommes organisés dans l’instant par rapport à notre support (le sol) mais aussi à la gravité (les forces qui nous organisent) et comment nous vivons notre verticalité (dialogue entre ces forces de support et notre orientation, notre appétence) ; ce que nous appelons équilibre général et dont va dépendre la qualité de nos gestes au cours de nos activités
Nous pouvons apprécier chez de jeunes enfants combien chaque mouvement est une façon singulière de « dialoguer » avec l’équilibre. La fragilité de ce dialogue rend ces forces manifestes. Au cours de leur première année de vie, la verticalité et la marche ( façon économique de maintenir un équilibre en mouvement ) ne s’obtient qu’au prix d’un long détour apparent (rouler, ramper, soulever la tête, se redresser, marcher à quatre pattes). Mais si nous regardons attentivement ce qu’ils « apprennent » nous voyons que c’est la façon la plus ingénieuse sinon la plus directe, d’arriver au but final. Chaque variation comprend un élément important du résultat recherché. Chacun de ces gestes va s’organiser en réponse à la force gravitaire qui s’exerce en permanence. Ainsi Chaque variation devient une façon singulière de répondre en mouvement à cette force. Cette constance constituera en quelque sorte un fil d’Ariane exploité automatiquement et en permanence par le système proprioceptif.
Autre observation… Chaque savoir-faire que nous apprenons est fondé sur des savoirs-faire précédents. C’est ainsi que nous enrichissons notre répertoire de geste. « Lentement » nous pouvons nous pencher, sauter, nous déséquilibrer jouer avec ces forces jusqu’à un certain point sans tomber. Nous gagnons en autonomie de mouvement mais nous pouvons aussi nous éloigner de cette économie première « notre dialogue avec la gravité ».
En se ré-ouvrant à cet instant d’équilibre de plus en plus régulièrement, nous pouvons non seulement observer, comprendre, mais aussi acquérir les moyens de nous « réorienter » dans nos activités. Cette relation à notre équilibre redonne du « jeu » à nos mouvements et permet une plus grande aisance et une meilleure coordination.
Attention consciente et reconnaissance de la force de l'habitude.
Nous pensons habituellement que les muscles ont principalement à voir avec le mouvement et l’activité, mais leur activité première est bien plus de maintenir notre intégrité « et notre sécurité de créatures debout contre toutes les instabilités et les forces qui tendent à perturber notre équilibre. La capacité des muscles à s’engager dans le mouvement est une fonction secondaire qui entre en jeu seulement quand nous avons réussi cette station debout. 1». Chaque geste se fonde sur ce fond d’équilibration. Dans cette perspective, nous pouvons avancer qu’une tension est surtout le signal qu’une partie se tend pour préserver l’intégrité et l’équilibre de l’ensemble.
Il y a donc un jeu subtil entre cette activité d’équilibration et celle « du faire ».
Il faut aussi prendre en considération que c’est à travers les sens que nous recevons des informations de notre milieu. La manière dont nous filtrons, modifions, déformons, acceptons, rejetons et utilisons ces informations fait parti de l’acte de perception. Nous pouvons choisir d’absorber l’information, et de créer un lien ou bien de la « bloquer » et de nous en « défendre ». L’apprentissage est le processus par lequel nous varions nos réactions aux informations compte tenu du contexte de chaque situation. Afin de percevoir clairement, notre attention, notre motivation ou nos désirs doivent s’orienter activement vers ce que nous sommes censés percevoir. Nous pouvons nommé cet aspect de la perception « orientation active ». Elle structure notre interprétation des informations sensorielles et sans cette orientation active notre perception ne s’organise que médiocrement.2
Au quotidien, pour reprendre l’expression de F.M Alexander une partie de notre activité est vécue de façon subconsciente, c’est là que se niche l’habitude. Nous pouvons accomplir un grand nombres de mouvements sans y porter un attention particulière. Cette habileté est même extrêmement précieuse pour accomplir grand nombre d’activité. Mais si je veux changer quelque chose de cette habitude ( à plus forte raison si cela interfère avec mon équilibre et ma coordination ) il me faut en premier lieu suspendre de façon consciente et soutenu mon ancienne façon de faire et m’ouvrir à la possibilité d’un nouveau geste (m’orienter activement).
Cela suppose tout d’abord de changer le rapport à soi-même. C’est la façon dont je porte attention à moi-même qui est l’enjeu, ma façon d’être sensible à ma sensibilité. Sans cela nous aurons méconnu notre fonctionnement et le plus souvent généré de la tension pour vouloir faire les choses correctement et nous débarrasser de nos « mauvaises » habitudes.
1- Looking at Ourselves David Gorman
L'inhibition et le non faire.
Inhiber en technique Alexander c’est se donner du temps pour ne pas s’engouffrer dans nos réponses connues. F.M Alexander oppose l’inhibition à la volition : « volition représentant l’acte de répondre à quelque stimulus (ou stimuli) demandant une action psychophysique (faire) et inhibition représentant l’acte de refuser de répondre à quelque stimulus (ou stimuli) demandant une action psychophysique (nonfaire) ».
Une autre compréhension de l'inhibition
L’inhibition fait donc partie du processus de décision et de l’action (inhibition cognitive). Dans l’éducation de nos mouvements volontaires c’est la possibilité de laisser émerger du nouveau, c’est créer. Pour développer l’efficacité de l’inhibition, Alexander alla même jusqu’à proposer un mode opératoire.
à partir du moment où l’on s’offre ce temps d’arrêt avant la réponse à un stimulus, on peut décider entre trois possibilité :
• Ne pas répondre du tout
• Faire autre chose que de répondre au stimulus
• Répondre tout de même, en évitant les tensions inutiles habituelles que l’on aurait développées sans ce « temps d’arrêt » avant l’action.
Une appréciation sensorielle non fiable.
Cette expression peut-être ambiguë et demande à être explicitée. L’auto-régulation (et le principe d’homeostasie) est le moyen d’adaptation le plus commun au monde vivant. Pour ce faire, l’organisme doit être en contact sensoriel avec le monde. C’est la base. Le sentir configure la structure et l’agir, lui donne la forme et les directions de mouvement qui conviennent.1
De ce point de vue chaque expérience sensible est juste et entière pour la personne qui la vit. Nous pouvons cependant parfois nous rendre compte que l’appréciation que nous avons de certaines situations est d’un autre point de vue ( souvent extérieur ) un peu erronée.
Prenons un exemple « simple » à première vue, celui de la position de notre corps dans l’espace. Nous pouvons nous sentir, nous vivre droit (du point de vue de notre expérience cela est vrai) jusqu’à ce que quelqu’un, ou encore une vidéo ou une radiographie nous « prouve » le contraire. Nous ne sommes pas aussi droit que nous le sentons. Nous nous sommes peut-être « déformé » pour conserver une certaine cohérence ( nous nous sommes peut-être incliné tout entier pour que notre regard reste droit ). Mais si nous devons ou voulons faire autrement nous allons sûrement devoir prendre de nouveaux repères. Ces points de repères passent par la conjugaison de plusieurs modalités sensorielles, le regard et le toucher par exemple. Ces nouveaux points de repères parce qu’ils viennent perturber notre habitude sensorielle ( et parfois l’image que nous avons de nous-même ) peuvent être au début perturbant. F.M Alexander en avait parfaitement conscience pour l’avoir lui-même expérimenté quand il disait : « Aussi paradoxal que cela puisse sembler, la seule chance de succès de l’élève réside, non pas «en essayant d’être juste», mais au contraire, «en voulant être faux», c’est-à-dire faux selon ses standards personnels. ». En redonnant du jeu dans nos habitudes sensorielles (cf : Dynamique de la perception) nous nous donnons une chance de relancer nos possibilités d’adaptation y compris et surtout dans notre rapport à notre verticalité. Nous oublions parfois que cette verticalité est le fruit d’un apprentissage (expérience renouvelée) quotidien.
1- Jacques Gaillard » Du corps objet au corps sujet. »
Les directions d'orientations
Revenons rapidement sur l’expérience de F.M Alexander (1869-1955). Ce dernier fut sujet à des problèmes vocaux sérieux qui l’empêchèrent d’exercer son métier d’acteur. C’est en s’observant en situation de jeu à travers un dispositif assez sophistiqué de miroirs, qu’il repéra certaines constantes et qu’il comprit qu’elles pouvaient-être la cause de ses difficultés respiratoires et de ses problèmes vocaux ( compression du larynx, compression de la cage thoracique, rétrécissement de toute sa stature ). Il pouvait observer une différence entre ce qu’il croyait faire ( sentait), ne pas tirer sa tête en arrière et ce qu’il voyait de lui-même dans les miroirs. Un décalage entre sa proprioception (ce qu’il sentait) et son activité visuelle.
Il essaya alors selon toute logique de faire l’inverse : tirer volontairement sa tête vers le haut et l’avant, mais au moment de parler, malgré son effort conscient, sa tête continuait « d’être tirée » en arrière. Il se proposa donc comme première action : « ne rien faire, inhiber ». Puis de se représenter ( pensée active et multiple ) une directive spécifique qu’il formula plus tard comme ceci : « Laisser le cou libre, pour laisser la tête aller vers l’avant et vers le haut, et pour laisser le dos s’allonger et s’élargir. ». Autrement dit, arrêter d’interférer de façon involontaire dans un premier temps ( subconsciente ) et volontaire dans un second temps ( en agissant sur un groupe isolé de muscle ) avec son activité d’équilibration ou encore activité posturale. ( cf Looking at OurselvesDavid Gorman ).
Il est important de souligner que ce cheminement est la raison même de sa guérison. C’est un acte de définition de soi, par l’apprentissage de l’auto-nomisation (ethymologiquement : se nommer soi-même).
En conclusion, le contrôle primaire de la personne.
J’emprunte cette définition à Gilles Estran, professeur et formateur de la technique Alexander.
Sur le plan physique c’est une relation d’avantage mécanique qui se manifeste à travers une relation posturale dynamique et spécifique – d’une part entre la tête, le cou et le dos (relation préservée consciemment) et d’autre part avec l’ensemble des différentes parties – qui va déterminer la qualité tonique générale de l’organisme au moment de l’action (réponse ou dialogue tonique). Sur le plan psychique, l’attention est au centre du processus de sélection consciente. L’inhibition cognitive devient une procédure incontournable pour améliorer et soutenir l’attention consciente qui se révèle être un puissant outil de libération de la pensée nécessaire pour co-ordonner les directions d’orientation (déploiement d’une pensée multiple).