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attention et vigilance

N. Depraz
Attention et vigilance. À la croisée de la phénoménologie et des sciences cognitives

En phénoménologie, notamment dans les travaux de Natalie Depraz, les notions d’attention et de vigilance sont abordées de manière subtile et complémentaire, mais elles ont des distinctions importantes.
Attention
L’attention, en phénoménologie, est souvent décrite comme un acte intentionnel, une orientation délibérée de la conscience vers un objet ou un phénomène particulier.
Chez Depraz, l’attention est vue comme une capacité de focalisation active qui implique une sélection dans le flux de l’expérience.
Elle s’inscrit dans une dynamique de concentration qui rend possible la mise en lumière de certains éléments de notre vécu tout en laissant d’autres en arrière-plan.

  • Caractéristiques principales :
  • Intentionalité : L’attention est un acte dirigé vers un contenu ou un objet de conscience.
  • Sélectivité : Elle implique un choix parmi une pluralité de phénomènes.
  • Temporalité : Elle est souvent liée au présent immédiat, mais peut aussi être mobilisée dans la rétention (mémoire) ou la protention (anticipation).
  • Effort : L’attention requiert une certaine dépense énergétique, un engagement de la part du sujet.

Chez Depraz, l’attention peut également être envisagée comme une oscillation entre ouverture et fermeture, où l’esprit se concentre tout en restant capable de s’adapter à des changements dans l’environnement.

Vigilance
La vigilance, en revanche, est un état plus général de la conscience, qui ne se limite pas à une orientation active mais englobe une disponibilité globale à ce qui peut émerger dans l’expérience.
Depraz la décrit comme une présence diffuse et ouverte, une attention au contexte dans sa totalité plutôt qu’à des éléments spécifiques.

  • Caractéristiques principales :
  • Ouverture : Contrairement à l’attention qui est focalisée, la vigilance est une forme de présence élargie, attentive au champ global des phénomènes.
  • Passivité active* : La vigilance ne demande pas le même effort que l’attention, mais elle n’est pas pour autant passive ; elle implique une capacité à percevoir ce qui advient sans se fixer immédiatement.
  • Temporalité étendue : Elle n’est pas centrée uniquement sur l’instant présent, mais s’inscrit dans une continuité, une veille qui traverse le temps.
  • Contexte et ambiance : Elle est liée à une sensibilité au milieu et aux changements subtils qui peuvent s’y produire.

Pour Depraz, la vigilance joue un rôle fondamental dans la suspension phénoménologique (épochè), car elle permet au sujet de rester ouvert à l’expérience sans immédiatement la fixer dans des cadres prédéterminés.

Complémentarité
Chez Depraz, ces deux dimensions de la conscience ne s’opposent pas, mais se complètent. La vigilance crée un fond d’ouverture qui rend possible l’orientation spécifique de l’attention.
Inversement, l’attention peut approfondir ou structurer ce qui a été perçu grâce à la vigilance.
Cette dialectique est essentielle dans les pratiques contemplatives ou phénoménologiques où l’on cherche à affiner la perception et à accueillir l’expérience dans toute sa richesse.