La gravité et ses affects (Hubert Godard)
Le penseur-en-danse Hubert Godard a nommé « pré-mouvement » la manière singulière dont chacun·e d’entre nous s’organise pour soutenir ses propres gestes. Ce pré-mouvement sert de toile de fond gravitaire à l’ensemble de nos activités motrices : il n’est pas ce que nous faisons, mais désigne plutôt l’ensemble des conditions qui rendent possible ce que nous faisons. Godard parle de pré-mouvement parce qu’il s’agit d’une activité qui concerne essentiellement un ensemble de muscles dits « gravitaires » qui ont pour fonction de gérer, par anticipation, les déséquilibres. Ce sont des pré-mouvements parce qu’ils prévoient les déséquilibres liés au déplacement des membres et du tronc dans l’espace. « Par exemple, si je veux tendre un bras devant moi, le premier muscle à entrer en action, avant même que mon bras ait bougé, sera le muscle du mollet, qui anticipe la déstabilisation que va provoquer le poids du bras vers l’avant. ». Ces pré-mouvements sont quasiment invisibles ou insensibles, en tout cas rarement objet d’un contrôle cortical ou volontaire. Et pourtant, ils signent et informent ma disposition affective-motrice à l’égard de l’environnement.Emma Bigé « Mouvementements »