« Ces tonalités affectives sont—comme le vocabulaire musical auquel Stern emprunte l’indique—des mélodies gestuelles ou vocales, des rythmes, des dynamiques. Elles existent sur un plan que Stern appelle « amodal », plan qui lui permet d’expliquer comment, par exemple, les parents accompagnent les gestes du nourrisson en sons ou inversement comment le nourrisson vocalise les gestes du parent : il n’y a pas là imitation ou traduction, mais habitation d’un monde dynamique commun qui existe en deçà de la distinction entre sonore et gestuel. Amodaux, les affects sont en deçà de la division des sens entre eux, en deçà de la localisation des sensations dans des organes des sens ou du geste dans des organes moteurs spécialisés : c’est tout le corps qui est concerné par ces affects, d’une manière non-localisée, sous la forme de variations du tonus musculaire, dont les deux pôles primordiaux sont la contraction (hypertonicité, quand le bébé a faim par exemple) et le relâchement (hypotonicité, dans la satiété). »
E.Bigé